mardi 27 avril 2010

Sur un banc: scene 1-2

Scène 1
Un jeune homme, classe-cool, marche à vive allure au milieu d'une place d'une ville médiévale. Soudain, il s'immobilise et plante son nez sur son IPhone. Ses doigts voltigent sur l'écran tactile pendant un temps puis la danse s'arrête. Les sourcils froncés, sa tête regarde dans toutes les directions à la recherche d'une mystérieuse information. Comme un bon Français, il jure poliment:
-Merde, ou est ce putain de Pub?
Il tourne en rond puis se dirige directement vers un homme débraillé à la coiffure d'un porc épics. Sans préambule, il lui pose cette question:
-Sais-tu ou est le Pub, le 100 mètre bière?
L'homme assis regarde intensément a l'infini. Âpres un temps, il soulève l'index et ses yeux s'éclairent d'une vive lumière. Puis, frénétiquement, il gribouille des symboles incompréhensibles sur son cahier tandis que l'homme pose sur lui un regarde médusé. A la fin de la page, il s'exclame:
-Oui, c'était ça!
Il lève les yeux et s'aperçoit de l'homme juste à cote de lui qui le regarde. Étonné, il lui demande:
-Pardon, qui êtes-vous?
L'homme pressé répond avec un sourire:
-Moi, juste un passant! Sauriez-vous ou est le Pub, le 100 mètre bière, monsieur l'hurluberlu?
L'homme assis ferme les paupières quelques secondes puis dit:
-Prenez la rue ou le roi des rois décapités jette ses dernières lances. Le temps de confesser vos péchés, vous allez arriver à la fourche du jugement dernier. Comme vous savez que dans l'enfer, l'alcool coule a flot apportant son chahut et son agitation, vous prendrez la bonne direction qui est la rue ou est votre pub.
Interloqué et ne comprenant pas un mot, l'homme pressé dit:
-Eh mec, il faut arrêter d'écouter les énigmes du père Fouras de ford Boyard en ayant fumer trop de moquette. Branche le décodeur et redis moi tout depuis le début.
L'homme assis se lève et dit en s'en allant:
-Tu es maître de ta question, et l'hurluberlu est maître de sa réponse. Hâtes-toi car la guillotine à bientôt finit l'exécution du roi Soleil!

Scène 2
Perçant la nuit, entre les feuilles des platanes, les ampoules des lampadaires la place éclairent d'une couleur jaune moutarde tachetée. Dans l'ombre d'un tronc, l'hurluberlu est toujours là assis sur son banc. Son regard, pointé vers la maison en vis-à-vis, alterne successivement les mimiques de l'étonnement, de la curiosité et de l'appréciation. Lors de cette dernière, ses mains imitent le langage des signes. Le jeune homme à la recherche du Pub revient de la rue du soleil couchant. Sa marche ne fuse plus comme un esquif parisien stressé mais gîte doucement de droite à gauche. A la vue de la gesticulation des mains dans le vide de l'homme du banc, son rire résonne dans le silence de la place. L'homme assis se retourne juste le temps de l'envol d'un pigeon. Il soulève la main face vers l'avant en direction de la maison puis il exécute un geste de la tête de bas en haut et s'immobilise d'un air sérieux. Intrigué, le jeune homme s'avance à sa rencontre et s'assit à cote de lui. Il regarde à son tour la maison d'en face dont toutes les fenêtres dorment, hormis une dont la lumière s'immisce entre les rideaux. Une ombre humaine passe a travers avant que la lumière de l'appartement s'éteigne. L'homme du banc dit:
-C'est fini!
Curieux, Le jeune homme demande:
-Qu'est ce qui est fini?
L'homme du banc lance avec un petit sourire au coin des lèvres:
-L'inconnu restera dans l'inconnu.
Le classe-cool réfléchit en sortant une cigarette comique qu'il allume. Âpres quelques bouffées de fumée, il s'exclame d'une voix jovial:
-Bonjour, moi, c'est Hugo. Ravi de vous connaître. Comment t'appelles-tu?
Âpres un léger rire, l'homme du banc révèle un énigmatique poème:
La lune ne dévoile sa beauté qu'à la nuit
dont l'amour en secret se consomme sans un bruit
Le poète contemple le reflet de sa robe
lui inspirant des vers qu'il chante jusqu'à l'aube.

Quelques secondes s'écoulent. Puis, l'homme du banc reformule son énigme:
La lune se love de chaudes lingeries
qu'aime avec passion la nuit son mari.
La belle préfère au reflet du miroir
l'aperçu du poète au regard d'ivoire.
Le jeune homme fixe la fenêtre pendant que son esprit défile les nœuds des vers. Soudain, la poussière des yeux s'envole et il s'exclame:
-J'ai compris! De deux choses, l'une, l'autre le soleil. Vous jouez avec la femme habitant en face. Le jeu est qu'elle vous laisse contempler par l'embrasure de la fenêtre sa lingerie fine dont vous lui communiquez en retour vos appréciations. C'est son mari qui doit être content!
L'homme du banc s'exprime avec une voix de sage dont les intonations sont volontairement forcées:
-C'est bien jeune Padawan. La force, tu commences; à sentir. Beaucoup encore il te reste à apprendre. T'aider, je puis. Écoutes: "Pétard qui s'éteint, change de main!"
Ils rigolent tous les deux et le calumet de la paix se partage.

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