vendredi 2 août 2013

La montagne et l'alpiniste

Mon sommet flotte au-dessus des nuages dans les rêves des alpinistes. Quelques insouciants ont eu cette folie de tenter de me gravir et sont figés à tout jamais dans les glaciers. Il eut ce jour où toi tu es venu fouler les pâturages de ma vallée. Malgré le mauvais temps faisant suite à la terrible tempête de neige ensevelissant le dernier alpiniste, tu es resté. Lors des éclaircis, tu arpentais les pelouses et les forêts à sentir les parfums doux des fleurs et acre de la sève des sapins, à vivifier ton corps dans les torrents d'eaux vives et à dormir sur les rochers réchauffés. Dans cette douceur, tu t'es aventuré de plus en plus haut avec cette prudence d'être à l'écoute des signes annonciateurs des tempêtes. Après une longue attente au dernier campement situé au pied de la cime, il eut ce jour unique où bien avant le lever du soleil, ton ascension a commencé. Dans le dédale des rochers, le fil d’Ariane, de tes expériences à explorer les contreforts et les cirques, t'a amené au pied du pic sans fatigue perdue. Avec la sagesse d'éviter le chemin le plus court du mur de glace, tu as contourné cette mort certaine en empruntant le long chemin escarpé de l'arête. Au lever du soleil, pour la première fois, des pas ont foulés mon sommet. Je me souviens de tes yeux émerveillés par le spectacle de la mer de nuages où les lances du soleil diffusaient en des traits roses. Ce moment sera toujours là avec le cairn des cailloux que tu as déposés.
Aujourd'hui, tu t'es installé dans ma vallée mais la vie t'a apporté d'autres activités. N'étant plus ta chimère fantastique, j'écoute le vent qui m'apporte l'écho du temps passé.