mercredi 29 octobre 2008

Danse contemporaine

En ce matin pluvieux d’automne, je traîne des pieds à affronter la longue montée des marches de la gare RER Lozère jusqu’au plateau de Saclay. Cependant, à quelques mètres devant moi, deux magnifiques jambes de girafe se dressent. Je décide aussitôt de les suivre pour m’offrir un beau paysage pendant toute la montée. Par enchantement, ce paysage s'est transformé en spectacle.

Sa marche est sans rythme : tantôt mes pas sont de guépard pour m'accrocher, tantôt mes pas sont d’escargot pour ne pas la doubler. Sa marche est dynamique et changeante : au début ses mains sont immobiles, l’une dans la poche et l’autre sur son sac, avec ses coudes faisant la marche des canards pour suivre le roulis de son haut bassin ; puis à mi-parcours, suite à un événement, sa main, initialement dans la poche, gesticule dans tous les sens à la manière d’un enfant funambule sur le point de tomber qui essaye de retrouver l’équilibre.
Trois temps forts ont ponctué cette danse:
-A mi-parcours, lors du premier virage, son pied trébuche sur une marche. Elle se rattrape de justesse. Je respire : mes deux belles brindilles sont intactes. Suite à cette frayeur, sa main se libère de sa poche.
-Arrivée en haut des marches, ses belles jambes avancent à pas de fourmis du fait de la fatigue. A cette allure, je suis obligé de la doubler mais c’est impossible. Elle zigzague de droite à gauche sur ce fin chemin. C’est la première fois que j’ai le plaisir d’admirer la démarche d’une mannequin. Cela ne dure que la distance d’un podium de défilé. Rapidement, ses jambes de girafes s’élancent à vive allure sur ce plat dont mes jambes d’hippopotames ont la plus grande difficulté à suivre.
-Après un long plat sans histoire, il y a un petit virage à gauche. Son pied lance ce virage avec un intense frottement sur le sol. Et là, c’est le dérapage. Sa ballerine se dévisse de son minois pied. Après un pas, pied nu contre le sol, un petit twist du pied revisse la ballerine. Je souris en regardant l’usure sur les côtés de ses ballerines : ce n’est sûrement pas la première fois, que ce genre de dérapage arrive.

Après être rentrés dans le bâtiment des laboratoires, elle appelle l’ascenseur. D’accoutume, l’ascenseur m’engloutit aussi mais je prends l’escalier pour ne pas briser ce spectacle par son immobilité dans la cabine d’ascenseur. La vie réserve des petits moments magiques et aujourd’hui j’ai eu le plaisir d’assister à une danse contemporaine.

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